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Budget com’ : l’art de décélérer sans tout casser

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Attachez vos ceintures, la France traverse un moment de turbulence budgétaire. L’écho des effets en cascade se fait entendre : une dissolution chaotique teintée d’égos, un choix tardif de gouvernement autour d’un axe politique minoritaire, une préparation budgétaire aussi anxiogène que précipitée. Un gouvernement qui tombe… Dans ce contexte, les finances des services publics se retrouvent au cœur d’une attaque frontale et brutale.

Les institutions, confrontées à l’injonction d’économies drastiques, scrutent leurs postes budgétaires avec nervosité. Parmi eux, la communication, souvent perçue comme une dépense superflue, inquiète. Pourtant, l’enjeu n’est pas de protéger cette fonction comme un privilège, mais d’en réévaluer le rôle avec discernement.

La communication face à l’effort collectif

Il serait illusoire de croire que la communication peut échapper à l’effort global imposé par la rigueur budgétaire. Ce n’est ni une mission régalienne ni un sanctuaire intouchable : elle est un levier, un service support. Elle doit participer à l’ajustement financier, au même titre que d’autres fonctions. Cependant, traiter la communication comme un poste homogène ou accessoire relève de la démagogie. Couper aveuglément dans ce budget, c’est faire preuve d’une simplification dangereuse qui méprise sa diversité et sa valeur stratégique.

Une approche responsable

Plutôt que de décréter arbitrairement une réduction uniforme de x%, les institutions devraient envisager une décélération plus intelligente :

  • Analyser les ressources : évaluer non seulement les dépenses directes liées à la direction de la communication, mais aussi les coûts humains, en chiffrant le temps passé sur les projets. Cette analyse précise permet d’objectiver les choix.
  • Réorienter les moyens : privilégier les actions qui accompagnent les décisions difficiles ou répondent aux priorités nouvelles, tout en réduisant les efforts purement promotionnels.
  • Encadrer l’externalisation : loin d’être une fuite en avant, elle est un outil stratégique lorsqu’elle complète les compétences internes sans les éroder. L’objectif est de conserver des savoir-faire essentiels tout en optimisant les ressources.
  • Prioriser stratégiquement : miser sur la communication qui développe les ressources (à travers l’attraction d’entreprises ou l’augmentation de la fréquentation) ou celle qui contribue à modifier les comportements des usagers pour générer des économies.

Ne pas insulter l’avenir

Réduire la communication à une coquetterie ou à un luxe envoie un signal désastreux. Cela perpétue l’idée qu’elle est superflue, alors qu’elle représente un outil puissant pour préparer l’avenir, gérer les crises et construire la légitimité des institutions. L’économie ne doit pas être synonyme d’imprudence.

L’enjeu est donc clair : apprendre à décélérer sans tout casser. Faire preuve de tact et de stratégie dans les choix budgétaires aujourd’hui, c’est préparer un rebond solide demain.