De la gestion de crise à la transformation profonde du cadre de travail, Marie-Béatrice Celabe, présidente de l’association Sup’DRH et directrice générale adjointe des services de l’université de Bordeaux, revient sur le rôle-clé de la fonction RH.
Comment les DRH (directions des ressources humaines) ont-elles appréhendé et fait face à la crise dans les universités en 2020 ?
Durant le premier confinement, il y a eu un temps d’adaptation très fort de nos pratiques professionnelles pour assurer une continuité de service, se recentrer sur les fondamentaux d’administration, de gestion, de paie, et pour accompagner les personnels les plus vulnérables. Pour rassurer la communauté, nous avons publié des plaquettes d’information, émis des foires aux questions, nous avons organisé des visioconférences, mis en place des numéros relais. Nous avons fourni un effort important de communication et de de valorisation de ces outils.
Passé ce premier temps de mobilisation, les DRH ont essayé de prendre du recul pour mieux se préparer aux enjeux numériques et adapter l’organisation des activités sur un temps long. La plupart des établissements ont procédé à des enquêtes flash pour mesurer la situation sociale et professionnelle des personnels. Tout ceci a permis de cadrer des dispositions autour du télétravail, l’investissement en termes de matériel, l’adaptation en fonction des missions, la définition d’un cadre applicable. A souvent été également mis en place un accompagnement soutenu auprès des enseignants-chercheurs afin de les aider dans cette transformation très forte de leur cadre d’exercice.
Avec le distanciel, la fonction managériale a rencontré des enjeux inédits. Quel accompagnement avez-vous proposé côté RH ?
La fonction RH a posé un cadre au télétravail mais cela ne peut fonctionner qu’avec l’appui des managers. Il a fallu faire évoluer tout un système managérial, avec la nécessité d’accompagner des managers qui se sont trouvés dans un exercice inédit, complexe, avec des nouvelles techniques de pilotage et d’animation. Avec le télétravail, l’exercice managérial se transforme en passant d’un management souvent vertical à un management plus collectif et par objectifs. A l’université de Bordeaux, nous avons accompagné de manière plus soutenue les cadres avec des réflexions sur le management à distance en temps de crise. L’idée était de leur redonner une trajectoire, de se dire que dans la crise il y a une partie un peu sombre mais aussi beaucoup d’opportunités.
Et maintenant, comment préparer le retour à la normale ? Comment réengager les salariés ?
Il faut sortir d’un travail à distance subi pour s’orienter vers un télétravail choisi. Ce ne sera pas une formule du “tout ou rien”, mais plutôt une poursuite hybride des activités, réfléchie et maîtrisée dans l’intérêt des missions dès lors qu’elles sont télétravaillables et dans l’intérêt de chacun. Notre objectif est de mettre en place un nouveau cadre de travail qui permette à la fois de tirer les avantages du télétravail, pour la structure et pour les personnels, et de renouer avec des temps de convivialité afin de retisser le lien social. Du côté des personnels, les situations seront sans doute très diverses à gérer : certains ont hâte de revenir en présentiel, pour d’autres, une rupture s’est presque faite. Il va falloir réfléchir à des dispositifs de remobilisation.Dans mon établissement, nous travaillons beaucoup en ce sens avec la direction de la communication, notamment sur la production d’une newsletter interne qui constituerait un relais extrêmement précieux auprès de la communauté. En vue de permettre un retour réussi, nous allons anticiper également des actions de sensibilisation auprès des personnels et de leurs managers, en proposant des animations, des guides, des boîtes à outils, etc…
La crise a profondément transformé notre cadre de travail et notre relation même au travail. Des espaces de travail plus flexibles, moins normés, sont à réinventer. Et une nouvelle page est à écrire sur un fonctionnement hybride qui favorise la dématérialisation et la simplification.
Sup’DRH – L’association des DRH des établissements publics d’enseignement supérieur est un réseau professionnel qui permet le partage de bonnes pratiques et les échanges des réflexions sur le métier RH. voir le site
Directrice générale des services adjointe (DGSA) déléguée au pôle ressources humaines et développement social de l’université de Bordeaux, Marie-Béatrice Celabe est la nouvelle présidente de Sup’DRH. Elle a officiellement pris la suite de Jérôme Pech, DRH de l’Université Côte d’Azur, le 26 novembre 2020. Elle avait assuré son intérim après son départ fin 2019. Formée à l’université de Bordeaux (à l’époque Bordeaux 4), elle est titulaire d’une maîtrise de droit public. Elle est également diplômée de l’IRA de Bastia.