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Vulgarisation : “Sur les réseaux sociaux, tout fonctionne énormément par essai-erreur”

Sur YouTube et sur les réseaux sociaux en général, les passeurs de sciences sont légion. Comment les établissements peuvent-ils s’inscrire dans ce mouvement ? Léa Bello, vulgarisatrice scientifique, livre ses conseils.

L’analyse que nous partageons ici, a été réalisée au printemps 2020 et a été publiée dans notre #ComESR 2019.

Vous parlez volontiers de “vulgarisation scientifique” là où d’autres préfèrent les termes valorisation, communication, diffusion. Pour quelles raisons ?

Aujourd’hui, on manque de mots pour désigner l’ensemble des personnes qui œuvrent à transmettre des connaissances et qui sont ni journalistes, ni communicants, ni savants. Historiquement, la vulgarisation désignait le fait de délivrer des savoirs à un public, avec une forme descendante de la transmission, qui n’est pas toujours appréciée. Pour moi, la vulgarisation scientifique consiste à diffuser des connaissances au grand public, tout simplement. Et c’est ce que je m’attache à faire à travers mes différents projets.

Après avoir travaillé au CNRS, où vous avez incarné la série “Zeste de sciences”, vous continuez de collaborer avec cette institution et menez également d’autres projets, pour la revue Mondes sociaux entre autres. Depuis que vous travaillez dans ce secteur, avez-vous les demandes émanant de la part d’institutions du secteur ESR évoluer ?

Les établissements et instituts de recherche ont toujours fait de la communication scientifique pour valoriser leurs recherches. Mais les formats proposés restaient en général assez classiques dans leur forme. Avec l’arrivée des YouTubeurs culturels, la donne a changé. Le format que nous proposons, très incarné, avec un ton plus “détendu”, intéresse les institutions. Nous adoptons un ton, utilisons l’humour, jouons sur les montages… Si les établissements du secteur ont envie de sauter le pas, tous ne sont pas forcément prêts à le faire. Il faut dire qu’il est très difficile de confier l’image de son institution à une seule personne et de sortir d’un format très institutionnel.

Certains établissements s’autorisent ce pas de côté. Le CNRS on l’a dit, mais aussi l’Inserm en 2018 avec sa série “Canal Detox”. Comment rassurer celles et ceux qui seraient encore frileux ?

Je crois qu’il faut garder en tête qu’il n’y a pas de recette magique. Sur les réseaux sociaux, tout fonctionne énormément par essai-erreur. Il faut tenter des choses. Si ça n’est pas fructueux, ce n’est pas grave. Le public retiendra très souvent en premier lieu que l’institution a osé. C’est certain que cela constitue une prise de risque, mais il faut avoir en tête que le “non sérieux” de la forme n’impacte en aucun cas la rigueur du contenu, qui est relu et validé par les chercheuses et chercheurs impliqués. À partir du moment où cette donnée est claire, alors on peut avancer sereinement.

La vulgarisation, ou la communication scientifique n’est pas toujours évidente pour certains chercheurs. Décider de communiquer, qui plus est de façon décalée peut être compliqué à faire passer en interne…

C’est certain et je crois que cela ne sert à rien de forcer toutes et tous, au sein d’un établissement, à faire de la vulgarisation. Certains préfèrent se consacrer à leur recherche, c’est très bien. Vulgariser est un métier à part entière et tout le monde n’a pas les compétences ou l’envie pour le faire.

Vulgariser est un métier à part entière et tout le monde n’a pas les compétences ou l’envie pour le faire.

Léa Bello
Quels conseils donneriez-vous à un établissement qui veut se lancer dans la vulgarisation scientifique, sur les réseaux sociaux ?

Je reviens sur la question de l’image de l’institution. Il peut être plus facile, en premier lieu, de travailler avec un vulgarisateur ou une vulgarisatrice qui ont leur propre chaîne. Ils ont les codes et l’audience. Ensuite, il peut être utile d’impliquer les chercheurs qui se sentent à l’aise avec l’exercice. Cela peut consister à les faire échanger avec le vulgarisateur, sans qu’ils passent devant la caméra. Enfin, et c’est très important, il faut très tôt définir les intentions du projet, le public visé et les limites que l’institution se fixe, en matière de ton, de format. Une fois que la ligne éditoriale est clairement établie, il n’y a pas de surprise et toutes les parties prenantes peuvent avancer de façon sereine.

Léa Bello
Après avoir travaillé au CNRS et contribué à créer Zeste de Sciences, Léa Bello intervient désormais sur différents projets de vulgarisation scientifique. Elle présente Avides de recherche pour la revue Mondes sociaux. Avec Théo Drieu, vulgarisateur de la chaîne YouTube Ballade mentale, elle publie Les Mondes du Dessous, une série de vidéos consacrée aux océans.

[#ComESR]
Cet article est issu de notre #ComESR2019, paru en juillet 2020. Exclusivement disponible sous format papier, vous pouvez encore le commander !

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