C’est une annonce fictive, que vous auriez pourtant tout à fait pu lire. Université cherche chargé.e de communication, CDD de 12 mois, salaire non précisé. Ce portrait-robot, nous l’avons établi à partir des annonces d’emploi répertoriées sur le groupe LinkedIn « Communication des universités et des grandes écoles », pour l’année 2018. Au quotidien, nous relayons sur cet espace les offres repérées sur les réseaux sociaux et sur les sites de recrutement, mais aussi les annonces que vous nous faites directement parvenir. Précisons également que nous accompagnons certains établissement dans leur recrutement. Chargé.e de communication, directeur ou directrice de communication, community manager, attaché.e de presse… Tous les postes dédiés à la communication des établissements d’enseignement supérieur et de recherche y ont leur place.
En cette fin d’année, nous avons voulu étudier ces annonces. Il s’agit à la fois d’avoir une idée plus précise des besoins des établissements. Mais aussi de prendre un peu de hauteur sur la nature-même des annonces postées. Certaines – un bon nombre en réalité – manquent encore trop souvent de précisions, notamment en termes de salaires. Mais nous allons y revenir.
Les universités, premières en volume d’annonces
Sur les 70 annonces que nous avons étudiées, une majorité émane des universités. Si l’on y ajoute les Comue, le volume représente la moitié des offres publiées en 2018. Suivent ensuite les écoles d’ingénieurs (qui sont pourtant bien plus nombreuses que les universités, environ 200 contre 80) et les instituts de recherche. Il y a certes un léger biais, puisque les annonces postées par les établissements publics sont très facilement repérables via leur publication sur la BIEP (Bourse interministérielle de l’emploi public). Mais les recherches effectuées sur, entre autres, Cap’Com, l’Apec et les réseaux sociaux permettent de compléter la veille.
L’Ile-de-France, en pole position
Sans grande surprise, l’Ile-de-France représente à elle seule plus de 5 annonces sur 10 (Paris intra-muros représente la moitié des offres franciliennes). Avec quatre offres publiées sur la période étudiée, Toulouse est le deuxième territoire le plus représenté. Ensuite, les annonces se répartissent de façon homogène sur l’ensemble du pays, de Valenciennes à Marseille, en passant par Brest et Strasbourg.
Chargé.e de communication, en tête des recrutements
On le sait, le périmètre couvert par un service communication dépend beaucoup de l’établissement dans lequel il se trouve et de la stratégie mise en oeuvre par la direction ou la présidence. Mais si l’on s’en tient stricto sensu au titre du poste, c’est sans conteste la fonction de « chargé.e de communication » qui arrive en tête des requêtes. Elle représente la moitié des annonces postées en 2018. Outre le très général « chargé.e de communication » – à noter l’utilisation quasi généralisée de l’écriture inclusive -, certains établissements précisent le périmètre du poste : chargé.e de communication interne, recherche, international, formation exécutive, scientifique…
Deux tendances se dégagent :
- Le nombre important d’offres en « communication scientifique ». On en compte neuf proposés en grande majorité par des universités. Il est intéressant de noter qu’elles ont toutes été publiées depuis la rentrée 2018. Ce mouvement en faveur de la communication scientifique sera à confirmer dans les mois qui viennent.
- La recherche croissante de profils « écrivant ». Sept offres correspondent à cette requête, que ce soit des profils « chargé.e de communication éditoriale », « journaliste – reporter d’image » ou encore « rédacteur web ».
Le CDD, la norme
Si vous ne voulez pas de contrat à durée déterminée, passez votre chemin. En 2018, sur les 70 annonces publiées, 46 donnaient lieu à des CDD (11 à des CDI et 13 à… mystère puisqu’aucune précision dans l’offre). Certains CDD sont explicitement justifiés (remplacement de congé maternité par exemple). Quelques annonces affichent clairement la possibilité d’un renouvellement, mais la majorité ne précise rien.
Ce n’est pas nouveau, la fonction publique fait de plus en plus appel à des contractuels. Et l’enseignement supérieur ne déroge pas à la règle. Un rapport de l’IGAENR, publié en 2016, tentait d’analyser ce recours au contrat, rendu possible par la loi LRU de 2007. Si les textes stipulent clairement que pour des postes de catégorie A, CDD et CDI sont possibles, dans les faits, c’est le CDD qui prédomine. A noter que sur les 11 CDI observés, la majorité est proposée par des business schools (statut privé).
Quant à la durée des contrats, elle est le plus souvent de 12 mois. Et concerne aussi bien un poste d’assistant.e de communication que de directeur ou directrice de communication.
Le salaire, quel salaire ?
C’est le sujet qui crispe. Qui agace. Qui NOUS agace. Près de 8 annonces sur 10 ne précisent aucun salaire. Pas même une fourchette. Rien. Nada. Certains établissements notent un timide « A négocier » ou « En fonction du profil », mais bon nombre d’entre eux ne prennent même pas la peine de remplir le champ « Rémunération ». Or, en ne fournissant pas cette information, les institutions se privent de certaines candidatures.
L’image renvoyée aux candidats est celle d’un établissement qui considère que le salaire n’est qu’accessoire, voire qu’il est indécent d’en parler. Or, le salaire fait partie intégrante du poste et donne une indication sur le profil recherché (junior ? expérimenté ?). Et si vous pensez que garder le suspens sur le salaire proposé – parce qu’il est très bas, par exemple… – est un coup à jouer, détrompez-vous. Il brouille l’image de votre institution.
De même, indiquer « En fonction de la grille indiciaire » n’est pas une information suffisante pour des candidats qui, CDD oblige, viendront pour la plupart du secteur privé et n’auront donc pas la culture de l’indice. Cette évolution du recrutement pousse donc les institutions à ne plus raisonner uniquement sous le prisme « fonctionnaire ».
Pour les bons élèves qui précisent le salaire, la rémunération mensuelle brute proposée pour un poste de chargé.e de communication se situe entre 1700 à 2700 euros. Soit une moyenne de 2150 euros. Pour les postes de responsable / directeur / directrice de communication ? La fourchette est quasiment identique… puisqu’elle va de 1750 à 2650 euros.
Notre méthodologie. Nous avons analysé 70 offres d’emploi dédiées à des postes de communication dans l’enseignement supérieur et la recherche. Nous avons étudié plusieurs données : lieu de l’emploi, profil de l’établissement demandeur, profil du poste, type de contrat proposé et durée du contrat (sauf pour CDI) et rémunération.
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👩🎓Quelles sont les offres d’emploi 2018 dédiées à la #ComESR ? On a compilé les annonces pour établir un portrait-robot🤖⬇https://t.co/nVXoSwmq5f
— Céline Authemayou (@cauthemayou) December 18, 2018