On ne parle sans doute pas assez des écoles d’architectures. Dans des conditions difficiles elles forment pourtant d’excellents étudiants. Alors que le standard international qui prevaut ce sont des écoles d’architectures intégrées aux universités, en France elles sont « autonomes » même si certains ont bien compris l’intérêt de rapprochements inter-disciplinaires (notamment à Nantes, à Strasbourg, etc.).
- Concours commun.
Après des années où les candidats aux écoles d’architectures devaient organiser un tour de France pour passer les concours propres à chaque école, se dessine depuis 2013 l’esquisse d’un concours commun pour les écoles d’architecture (ce qui est déjà le cas pour partie dans la filière « paysage »). Qui dit concours commun dit classement commun. Du point de vue des écoles c’est également une nouvelle ère qui s’ouvre avec la possibilité de mutualiser des moyens mais surtout d’être comparées par les candidats.
En 2013, dans le cadre d’une mission pour le compte de l’Ensap Bordeaux, nous avons compilé, avec l’aide de Martin Chenot, directeur de l’école, des chiffres sur les écoles. Chiffres, difficiles à se procurer car ni le ministère de la Culture, ni les médias spécialisés ne les publient. Nous cherchions à connaître des métriques très simples :
- nombre d’étudiants,
- nombre de candidatures,
- nombre d’admissibles,
- nombre d’admis.
L’objectif, tenter de mesurer les écarts entre écoles et commencer à estimer leur attractivité.
Il s’agit de la relation nombre de demandes / nombre de places. Nous avons tenté d’estimer quelles écoles ont la plus forte attractivité et exercent la plus forte sélection. Ce qui ressort de ce tableau c’est que Malaquais est l’école la plus « attractive » (3000 demandes pour 110 places) , et Nancy la moins « attractive » (650 demandes pour 119 places). Nous considérons en théorie que toutes les écoles ont le même bassin de recrutement, c’est évidemment plus compliqué que cela.
Ce qui se dégage de ce graphique ce sont les stratégies de sélection bien différentes des écoles. Certaines ouvrent largement leurs oraux d’autres y sont tout de suite plus sélectives. Idem pour les phases finales.
Les écoles les plus sélectives sur la phase de candidature : Paris-Malaquais, Paris-La Villette, Toulouse, Grenoble, Lyon. Celles qui sont les plus sélectives sur les oraux : Normandie, Marne-la-Vallée, Paris-Belleville, Bretagne, Bordeaux.
Faire-valoir et savoir-faire :
Si l’instauration d’un concours commun (émanation du rapport Feltesse) prend tant de retard c’est sans doute autant parce que les écoles manquent de moyens (dans un paysage de l’enseignement supérieur où les tensions budgétaires et institutionnelles sont fortes) que de stratégie. Comment faire face, sans moyens, sans soutien (on créé un concours commun sans lever l’ambiguité autour de la sélection et d’APB) et avec peu de visibilité aux défis inhérents à la période (COMUE, fusion d’établissements, etc.) et aux attentes que la société place dans les écoles : défis énergétiques, urbanité, etc.
Image et communication :
Ce concours commun représente un formidable défi. Ce sera celui de la structuration d’un référentiel commun visible et intelligible, mais surtout d’une compétition au grand jour entre écoles. Il est temps pour les écoles d’architecture de profesionnaliser leur communication, de la connecter à la stratégie de l’établissement, et de faire-valoir leur différences (qui, des axes de recherche aux conceptions pédagogiques peuvent être très importantes). C’est une des conditions pour reprendre la main.
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— Manuel Canévet (@Manuel_MC) 19 Février 2015